vendredi 4 septembre 2020

Des maisons sur les toits... Lucien Kroll et le quartier de Perseigne à Alençon

Vous avez peut-être eu la chance de visiter Perseigne il y a quelques années avec Place Publique et de découvrir les réhabilitations effectuées de 1977 à 1983 dans ce quartier.

Les élus de cette époque affichaient clairement leur volonté de rendre le pouvoir aux habitants pour qu'ils réhabilitent leurs logements selon leurs besoins et leurs envies, qu'ils s'approprient leurs espaces publics, qu'ils remodèlent le quartier à leur image.

Sans Lucien Kroll, qui a été l'architecte coordonnateur des réhabilitations de Perseigne de 1978 à 1982, tout cela n'aurait été que paroles en l'air. Il a été celui qui a démontré concrètement qu'il était possible de remodeler les immeubles et les espaces extérieurs, qu'il était possible de respecter la vie existante, de « remolir » sans démolir, qu'il était possible de rendre son humanité au quartier tout entier.

Et cela a donné le parc urbain de Perseigne, le Collège ouvert Louise Michel, les Buttes et les maisons sur le toit de l'avenue Kennedy, des jardins en pieds d'immeubles et, par la suite, a entraîné d'autres  transformations  avec d'autres intervenants :'immeubles HLM, enrichis de balcons et de vérandas rue Lamartine, rue Paul Claudel, Georges Sand, Anatole France, des fresques et des ajouts ici là s'ajoutant aux graphes d'habitants artistes... .

Alors qu'à Alençon, les responsables politiques et les gestionnaires HLM tournaient le dos à ces pratiques - allant jusqu'à en détruire les traces lors des démolitions massives de l'ANRU des années 2000 Lucien Kroll poursuivait inlassablement sa route, gardant systématiquement la vie des habitants au cœur de son architecture, avec une audace et un talent hors du commun. 

Ce travail reconnu depuis longtemps au niveau international commence enfin à l'être en France avec le concourt en particulier de Patrick Bouchain, grand prix de l'Urbanisme 2019. Après une exposition remarquable à Nantes en 2013, on a pu le retrouver à la Cité de l'architecture & du patrimoine - Palais de Chaillot à Paris en 2015 et tout récemment au Pavillon de l'Architecture à Caen, malheureusement en plein confinement du 20 mars au 30 août 2020. 

Les journées du patrimoine européen nous offrent l'occasion de découvrir dans le quartier de Perseigne à Alençon, une des rares réalisations de Lucien Kroll en France,  d'autant plus précieuse qu'elle a été sa première expérimentation de transformation d'immeubles d'habitations de l'architecture standardisée des années 60. 

Précieuse également car elle garde la mémoire de l'action des habitants du quartier de Perseigne. Il ne s'agit pas d'une curiosité architecturale mais d'une construction faite à partir des aspirations des habitants exprimées de façon très forte dans les années 70 quand ils s'opposaient à de nouvelles constructions et au cours des multiples consultations organisées par la ville avec Jean Jacques Argenson, urbaniste installé à plein temps au cœur du quartier en 1977.

Lucien Kroll ne revendique pas autre chose que la traduction des désirs des habitants à un moment de leur histoire, «... une histoire, dit-il, qui a commencé bien longtemps avant mon arrivée et qui continuera encore bien longtemps après mon passage... ». Ce bâtiment est là pour témoigner de cette pratique, encourager les habitants à rêver à d'autres manières d'habiter, leur montrer qu'il est possible de transformer leurs propres appartements selon leurs besoins, les encourager à revendiquer leur diversité, apprendre à chacun à respecter des manières différentes d'habiter et démontrer aux décideurs qu'il peut exister d'autres façons de concevoir la ville.

Nous vous donnons rendez-vous les 19 et 20 septembre pour les journées européennes du patrimoine .

(*) Le blog de Place Publique a conservé les images du Perseigne d'avant les démolitions massives des années 2000. Vous pouvez les revoir dans les rubriques« Perseigne » et « Alternatives urbaines » des ballades alençonnaises, ci-contre.

Pour en savoir plus, tapez simplement : « Lucien Kroll Alençon » sur votre moteur de recherche.

mardi 1 septembre 2020

Journées européennes du patrimoine

 

Visite guidée : Lucien Kroll : transformer Perseigne sans démolir.

Visite guidée des aménagements d'habitations collectives rénovées par l'architecte Lucien Kroll en 1978

 
    Visite commentée / Conférence
 
    Gratuit
© Roger Boucher

Dès les années 1960, l’architecte belge Lucien Kroll imagine une autre architecture donnant aux habitants le pouvoir d’imaginer, de décider et de construire.

Lucien Kroll a été appelé à Alençon en 1978 pour coordonner la réhabilitation du quartier de Perseigne : une ZUP de 2000 logements construits selon les mêmes plans d'un bout à l'autre du quartier, avec des immeubles en barres et en tours et des rues qui se croisent toujours en angles droits. Les appartements sont tous semblables au centimètre près. Les immeubles sont uniformément gris. Les arbres, d'une seule essence, strictement alignés le long des rues.

Le choix de Lucien Kroll est entre autres de rompre avec la standardisation des immeubles existants, plutôt que de les démolir.

En répondant aux besoins et désirs de chaque habitant, il fait émerger une nouveau paysage urbain qui reflète la diversité des cultures que la ZUP avait niées.

L'immeuble de l'avenue Kennedy a été réalisé pour montrer que ce projet était réalisable. Les réalisations initiées par Lucien Kroll ont été nombreuses dans le quartier : le collège ouvert Louise Michel en a été le plus emblématique, le petit bois de Perseigne en est une autre ainsi que les buttes à l'entrée de l'avenue Kennedy. Il faudrait également citer la zone artisanale de la rue Lamartine. la plupart de ces réalisations ont été détruites lors des programmes de rénovation urbaine au début des années 2000.

L'immeuble de l'avenue Kennedy y a échappé et constitue aujourd'hui un patrimoine qui mérite d'être révélé. C'est l'un des rares témoins de l'oeuvre de Lucien Kroll en France, renommé dans le Monde entier mais méconnu localement.

Nous vous invitons à découvrir les aménagements proposés par Lucien Kroll qui subsistent dans le quartier.

Lien vers une exposition récente à Caen.

A propos du lieu

Avenue Kennedy, 61000 Alençon
 
  • Architecture contemporaine remarquable
  • Patrimoine européen
  • Première participation

Transformation d'un immeuble d'habitat collectif en 1978 dans le cadre de la réhabilitation du quartier de Perseigne par l'architecte Lucie Kroll.

Accès: Transports publics à proximité, parkings

© Roger Boucher

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19 et 20 septembre

  • Septembre 2020

    • Samedi 1911:00 - 12:00 16:00 - 17:00
    • Dimanche 2011:00 - 12:00 16:00 - 17:00

 

Aménagements d'habitations collectives

Avenue Kennedy, 61000 Alençon 
  • Orne
  •  
  • Normandie
Leaflet | Map data © OpenStreetMap contributors

vendredi 10 juin 2016

mardi 13 janvier 2015

Ami, entends-tu....

Dimanche 11 janvier 15h00 Place Foch photo du journal Le Monde

Chant des citoyens

Ami, entends-tu le pas lourd des fanas qui s'déchaînent ?
Ami, entends-tu le fracas des kalachs de la haine ?
Ohé, citoyens, liberté, fraternité sont nos armes
Ce soir et demain n'oublions pas la raison de nos larmes.


Montez des quartiers, revenez des campagnes, tous ensemble.
Sortez vos crayons, vos pinceaux sans que vos mains ne tremblent.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, Partez vite !
Ohé, terroristes, attention démocratie sans limite !



Ici chacun pense ce qu'il veut, où il veut en conscience.
Cabu, quand tu tombes un ami dessin'ra, fais confiance.
Demain l'encre noire de Charlie assèchera tous nos doutes
Chantez citoyens dans la rue la Liberté nous écoute



Ami, entends-tu le pas lourd des fanas qui s'déchaînent ?
Ami, entends-tu le fracas des kalachs de la haine ?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh...


Simone Boisseau

DIMANCHE 11 JANVIER 2015

repris et applaudi par 15 000 personnes devant la préfecture de L'Orne


mardi 15 février 2011

Démolition de la rue Paul Claudel

Un gâchis payé par les locataires...


On s'apprête à démolir toute la rue Paul Claudel : 129 logements, tous réhabilités dans les années 1990 avec ajout de vérandas,de balcons et d'accès pour handicapés.
Dans les années 2000 toutes les les huisseries ont été changées.
Ces beaux immeubles, tout près du centre commercial et des écoles, avec des abords bien aménagés vont être broyés, rasés. Pourquoi ? Comment peut-on justifier un tel gâchis ?
Fin 2007, les derniers habitants de la rue Paul Claudel avaient dû faire une manifestation pour obtenir une réunion de concertation avec le directeur d'Orne Habitat et les élus de la ville. Ils avaient dénoncé l'absence d'entretien (rats dans les caves inoccupées, cafards...) et ils avaient dit leur volonté de garder leurs appartements.
En réponse, le directeur d'Orne Habitat a fait faire une opération de dératisation et de destruction de cafards mais il leur a confirmé que leurs logements seraient bien détruits. Dans les jours qui ont suivi, il a envoyé des conseillères sociales pour inciter les derniers locataires à déménager plus vite.
Les locataires n'ont pas compris pourquoi Orne Habitat voulait détruire leurs immeubles pour en reconstruire d'autres. Certes, leurs appartements pouvaient être améliorés, mais de là à les démolir !
Pour les aider à partir, les agents des HLM leur ont dit qu'ils seraient prioritaires pour occuper les nouveaux logements, mais quand ? à quel prix ? Les réponses sont restées vagues.
Ce qu'on ne leur pas dit, c'est combien tout cela allait coûter et qui payerait.

Combien ça coûte ?
Pour démolir ces 129 logements Orne Habitat va dépenser 1 350 000 euros
Pour reconstruire 60 logements à cet emplacement il va dépenser 5 360 000 euros
Coût total de l'opération Orne Habitat : 6 710 000 euros
Chaque nouveau logement construit coûtera donc en moyenne : 112 000 €.
A titre de comparaison, la réhabilitation d'un appartement de l'immeuble de la rue Alfred de Musset (même type de construction que les anciens de la rue Paul Claudel) coûtera 14 240 € .
Mais cela, on ne l'a pas dit aux locataires qui voulaient rester dans leurs appartements !
On ne peut savoir tout cela qu'en lisant la « maquette financière » annexée à la Convention ANRU votée par la ville en novembre 2007 et par la communauté urbaine en janvier 2008. Les chiffres ci-dessus sont tous tirés de ce document.
Mais qui l'a lu ? Qui l'a analysé ? Qui l'a compris ?
Pour cela il aurait fallu que cette maquette financière soit diffusée et expliquée... mais elle est restée dans les dossiers des élus ou dans les bureaux de l'ANRU et des directions des HLM.
Si tout le monde l'avait bien lue et bien comprise, aucun nouvel élu du PS n'aurait pas pu dire en 2008 : « Cette Convention est une occasion à ne pas manquer. On ne peut passer à côté de 84 millions d'investissements ! La réalité c'est que la moitié de ces investissements sont payés par les organismes de logements sociaux. Mais revenons à la rue Paul Claudel...

Qui paye ?
Nous avons vu qu'à la place des immeubles détruits, Orne Habitat veut construire 5 immeubles de deux étages, soit 60 logements au total. Cela coûtera 5 millions 360 000 euros
La ville paiera 150 000 euros
Le conseil général 300 000 euros
L'ANRU 650 000 euros
Il restera donc à payer 4 millions 300 000 euros
Si on récapitule : la ville paye 3 %
le conseil général 6 %
l'ANRU 12 %
et les locataires 79 % !!!
Ce ne sont pas les subventions de l'Etat !
Pour cela Orne Habitat devra emprunter 3 Millions 900 000 euros qu'il faudra rembourser avec les intérêts. Comment ?
Avec l'argent des locataires, puisque plus de 90 % de ses ressources proviennent des loyers ! Ce sont donc tous les locataires d'Orne Habitat qui paieront 400 à 500 euros en moyenne pour la seule opération de la rue Paul Claudel.
Il n'y aurait rien à redire si c'était pour mieux loger les locataires aux revenus modestes pour lesquels les HLM ont été inventés mais ce n'est pas le cas !
Une opération dont les locataires les plus modestes ne profitent pas...
Au nom de la mixité sociale, les nouveaux logements seront d'un standing supérieur aux appartements démolis, donc inaccessibles aux plus pauvres, sauf pour quelques cas particuliers..
... mais dont ils payent le déficit !
De plus, avec un prix de revient de 112 000€, ces nouveaux programmes ne sont pas autofinancés. Si c'était le cas les loyers seraient tels qu'ils ne pourraient même pas être loués à des classes moyennes. Ils ne pourront l'être que parce que les HLM vont aller puiser des ressources dans les bénéfices de leurs programmes anciens, déjà amortis. En clair, les loyers des locataires des immeubles anciens, occupés le plus souvent par les locataires les plus modestes, financent en partie les nouvelles constructions. Les plus pauvres payent pour les plus riches, mais on ne leur demande pas leur avis !
Ainsi donc, à Alençon est continuée une politique de rénovation urbaine lancée par l'ancienne majorité municipale. Il est regrettable que l'actuelle municipalité PS se soit inclinée face au pouvoir technocratique de l'ANRU.
Il est tout aussi regrettable que les «milieux militants » soient restés trop souvent éloignés de ces sujets. Ainsi, les mêmes discours officiels peuvent continuer de se répandre, affirmant que les démolitions-reconstructions sont la seule solution.
Pourtant, il était possible de faire autrement en renégociant la Convention de Rénovation urbaine avec l'ANRU et les HLM. Pour un coût infiniment moins important on pouvait garder les locataires sur place et réhabiliter leurs logements. A Alençon la rue Lamartine, malheureusement abandonnée par ses gestionnaires et détruite par l'ANRU en était un exemple.
La rue Jules Védrines, à Courteilles, en est un autre, toujours habitée depuis plus de 20 ans. Vous pouvez en trouver d'autres en consultant ce blog.