samedi 11 avril 2009

Balade n°62, Rénovation urbaine 3, l'histoire particulière de la rue lamartine

Petit retour en arrière...
En 1974, les habitants de la ZUP de Perseigne avait mené une lutte importante pour préserver leurs espaces verts. Cette lutte avait largement favorisé la victoire de la gauche en 1977. Arrivés au pouvoir, les élus PS, PC et PSU ont engagé des actions importantes de réaménagement du quartier avec la volonté clairement affichée de permettre aux habitants de maîtriser leur cadre de vie.
En matière de logement, la volonté des nouveaux élus était de remodeler les immeubles standardisés de la ZUP de sorte d'offrir une autre image des habitants de Perseigne, tous différents et riches de cultures multiples. Pour montrer aux habitants que cela était possible, ils ont demandé à l'architecte Lucien Kroll de réhabiliter 9 logements vacants avenue Kennedy pour y créer des bureaux et quelques extensions dans le reste de la "barre" à la demande d'habitants volontaires (vérandas, extensions de cuisine...)

Dans un deuxième temps les deux rues voisines ont été réhabitlités entièrement. La démarche, résolument participative, impliquait que chaque locataire pouvait choisir l'aménagement qu'il souhaitait. Malgré une enveloppe limitée à 75 000 F (11 400 euros) par logement, chacun avait le choix entre une véranda, un balcon couvert, ouvert ou fermé, un agrandissement de cuisine, cellier ou une loggia... Il pouvait aussi ne demander que des aménagements intérieurs : sols, revêtements, peintures. Beaucoup de locataires ont choisi des vérandas pour capter un peu plus le soleil et y installer leurs jardins d'hiver.
C'est une des très rares réhabilitations où les souhaits précis des locataires ont déterminé la nouvelle forme de l'immeuble et non le seul crayon de l'architecte. C'est pour cette raison que la rue Lamartine est connue les écoles d'architecture du monde entier
La ville d'Alençon a été lauréate du Palmarès de l'Habitat en 1986 pour cette réalisation.
Cette notoriété n'a pas empêché l'ANRU d'en proposer la démolition sous prétexte de son mauvais état d'entretien (aucune peinture n'a été refaite en 25 ans...) et pour ouvrir le quartier... Puis lors du Conseil de la Communauté Urbaine de décembre 2007, les élus de la majorité (de droite, à l'époque) ont décidé de démolir tous les immeubles de la rue Lamartine. Elle a déjà été vidée de plus de la moitié de ses locataires.
Cette rue est la preuve concrète qu'il est possible de réhabiliter avec les habitants, mais l'ANRU prèfère démolir... et s'acharne jusqu'à vouloir faire disparaître les témoins d'une véritable architecture participative.
Face à cela, pour l'instant, les nouveaux élus font profil bas et ne communiquent pas.
Ont-ils oublié qu'il s’agit d'une réalisation phare de la dernière municipalité de gauche à Alençon ?
Ou, le sachant, l'ont-ils reniée ?

Comment arrêter le massacre annoncé ?

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